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d’Haïti ne seront désormais connus que sous la dénomination d’Haïtiens. » La fiction politique était trop forcée, en voulant appeler noirs, les Polonais, les Allemands et les Français naturalisés Haïtiens.

Et puis, les Haïtiens ne pouvaient pas seuls se dire noirs ; toute la race africaine, tous ses descendans, sans mélange avec la race européenne, sont aussi des noirs, et peuvent cependant ne pas vouloir être Haïtiens.

Quant aux mulâtres de ce pays, classés ainsi que tous autres, dans l’ordre colonial européen, comme étant de la race africaine, ils ne pouvaient que s’honorer de cette dénomination générique de noirs ; et ils devaient même s’applaudir de ce que le préjugé des blancs les eût classés ainsi, pour leur fournir l’heureuse occasion d’aider leurs mères, leurs parens noirs, à conquérir leur liberté, comme ceux-ci les aidèrent dans la conquête de leurs droits, — leur cause à tous étant la même, inséparable.

« L’Empire d’Haïti est un et indivisible. Son territoire est distribué en six divisions (ou circonscriptions militaires.) — Chacune est commandée par un général de division, tous indépendans les uns des autres et ne correspondant qu’avec l’empereur ou avec le général en chef nommé par lui. — Sont parties intégrantes de l’empire, les îles de Samana (presqu’île), la Tortue, la Gonave, les Cayemites, l’île-à-Vaches, la Saône et autres îles adjacentes. »

Tout le territoire de l’île d’Haïti, avec les petites îles qui lui sont contiguës, formait donc le nouvel État. Saint-Domingue, en son entier, ayant appartenu à la France et devenant indépendante, il ne pouvait pas en être autrement : nous en avons déjà dit tous les motifs. Il fallait arriver à ce résultat.