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colonies européennes dans ces îles, et principalement à Haïti : peut-être trouverons-nous dans cet examen l’explication du fait providentiel qui nous intéresse.


La moitié du globe terrestre était inconnue aux peuples de l’ancien hémisphère. Quelques particularités recueillies dans la suite des temps faisaient soupçonner cependant, qu’il y avait de nouvelles contrées au-delà de l’Atlantique. La découverte du passage aux Indes Orientales par le cap de Bonne-Espérance éveilla la curiosité d’un habile navigateur. Le génie de la science l’anima et le porta à tenter celle qui devait transmettre son nom a la postérité. Il l’entreprit avec un courage héroïque, et le succès qu’il obtint justifia les prévisions de la science et ses convictions personnelles.

Parmi les îles découvertes par Colomb, celle d’Haïti fixa le plus son attention. L’étendue de ce pays, ses sites pittoresques, sa magnifique végétation, son climat, la gratitude que lui inspiraient les souverains de l’Espagne qui avaient facilité sa glorieuse entreprise : tout le porta à substituer à Haïti, le nom de Isla Española.

Ce fut comme le prélude des maux qui allaient assaillir ses paisibles habitans. D’une hospitalité ingénue, ils avaient accueilli les étrangers qu’ils voyaient pour la première fois ; et cet accueil même aurait dû les rendre dignes du plus vif intérêt. Mais, malheureusement pour ces Aborigènes, ils avaient fait briller de l’or aux yeux avides de leurs hôtes, — de l’or, ce métal précieux, objet de la convoitise de tous les hommes qui en apprécient la valeur.

À leur insu, les Aborigènes d’Haïti firent concevoir ainsi à Colomb l’idée de la fondation du premier établis-