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la soustraire totalement à sa domination. L’occupation de cette partie par le général Ferrand ne devait être envisagée que comme un accident provisoire qui disparaîtrait tôt ou tard. C’est par ce principe que toutes les constitutions successives du pays, à partir de celle qui sera produite ici bientôt, ont toujours compris tout le territoire de l’île comme formant l’Etat d’Haïti, même après la rétrocession de celui de l’Est, en 1814, par la France à l’Espagne.

Après la retraite de l’armée haïtienne, le général Ferrand fit successivement réoccuper les bourgades voisines des anciennes limites qui séparèrent jadis la colonie espagnole de celle de la France. Les habitans de ces lieux et ceux des villes incendiées s’occupèrent de la reconstruction de leurs demeures : ils reprirent leurs travaux de culture, l’élève de leurs bestiaux, et il y eut de nouveau des campagnes et des cités dans l’Est d’Haïti.

C’est à cette époque qu’un ancien fonctionnaire de Saint-Yague, Agoustino Franco de Médina, devint le commandant de cette ville et de tout le département du Cibao. Il servit les Français avec zèle jusqu’au dernier moment de leur occupation dans l’Est d’Haïti. Plus tard on verra comment il termina sa carrière, comment il dut envier la mort du noir Serapio Reynoso, tombé sur le champ de bataille de Saint-Yague.