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la partie haïtienne[1]. » Un pareil ordre, après les avis reçus de l’étranger, indiquait déjà l’intention de renoncer à la conquête de la partie espagnole, puisque malheureusement on était assez oublieux de l’idée qui avait fait prévaloir le nom d’Haïti sur celui de Saint-Domingue, pour n’en faire qu’un seul pays, une seule patrie pour tous ses habitans.

« Dans l’après-midi du 28, la cavalerie se répandit de tous côtés détruisant et brûlant tout ce qui s’offrait à son passage. À onze heures (de la nuit) le siège de la place fut levé… En vertu des dernières instructions de S. M., laissées aux divers généraux, ils firent pousser devant eux le reste des habitans, des animaux et des bestiaux qui se trouva dans les campagnes, réduisirent en cendres les bourgs, les villages, les hattes et les villes, portèrent partout la dévastation, le fer et la flamme, et n’épargnèrent que les individus destinés par S. M. à être amenés prisonniers. Ainsi finit une campagne dont tout l’avantage fut constamment de notre côté, où l’ennemi ne cessa d’être complètement battu…[2] »

En effet, c’étaient de glorieux trophées, que ces hommes, ces vieillards, ces femmes, ces pauvres enfans, confondus avec les bestiaux et les animaux, et poussés dans la partie haïtienne ! Et que voulait-on faire de ces êtres pensans ?… Imiter Ferrand dans son honteux arrêté du 6 janvier !… Ne valait-il pas mieux laisser à cet homme de la race blanche, l’infamie de sa pensée, en épargnant une population innocente de son crime contre l’humanité, courbée sous le joug oppresseur de ses semblables,

  1. Journal de la campagne.
  2. Ibidem.