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aux mains de Sérapio, qui commandait le département du Cibao et qui tomba mort sur le champ de bataille, ainsi que le chef de brigade Polanque. Christophe fit tuer non-seulement les prisonniers, mais tous tes blessés : il fit pendre une douzaine d’habitans parmi les plus notables de cette ville, qui s’étaient réfugiés dans l’église d’où on les arracha. Des familles s’étaient enfuies pour se jeter dans les bois : en laissant Campo Thabarrès, commandant de Saint-Yague, il lui donna l’ordre de les poursuivre à outrance[1]. Il va sans dire que ces actes affreux répandirent la terreur dans tout le Cibao, et que la division du Nord poursuivit sa marche sans rencontrer âme qui vive.

Des gabions étaient déjà préparés, le soldat haïtien s’y entendant à merveille, surtout à cette époque. Dans la nuit du 7 au 8, Gabart et Pétion prirent possession autour de la ville, — Gabart à partir de la rive droite de l’Ozama jusqu’au faubourg San-Carlos, sur une chaîne de monticules au nord de Santo-Domingo, J.-P. Daut occupant la gauche, Cangé le centre et Magny l’église du faubourg, à droite ; — Pétion, de là au rivage de la mer, à l’ouest de la ville, en attendant la division Geffrard qui était destinée à occuper cette extrême droite vers la mer.

Le 8, l’empereur visita la position des troupes, en compagnie des généraux Christophe et Clervaux, qui reçurent l’ordre d’aller s’établir sur la rive gauche du fleuve, de manière à s’étendre jusqu’à la mer pour bloquer la place, à l’est ; ils durent traverser la rivière de l’Isabelle et remonter à plus de huit lieues le cours de l’Ozama pour trouver un gué : le 12, ils étaient en position.

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 198.