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de tous autres équiquemens militaires, et qu’elles seraient payées au moment de partir.


Le lecteur aura remarqué l’article 15 de l’arrêté de Ferrand, prévoyant ou admettant la possibilité de la soumission des révoltés à l’Empereur des Français. Cette disposition singulière ne peut être bien comprise, qu’à raison d’une combinaison politique conçue à Paris par le gouvernement impérial.

Peu avant cet arrêté, un agent occulte était arrivé aux Cayes : c’était un homme de couleur de la Martinique, nommé Ducoudray. En même temps, un autre agent, un homme noir, également de la Martinique, Etienne Mentor enfin, se dirigeait sur Haïti où il arriva peu après son collègue.

Leur mission était semblable, mais fondée sur la nuance de leur épiderme respectif. Comme mulâtre, Ducoudray devait faire tous ses efforts pour exciter les mulâtres contre le gouvernement des noirs, contre les noirs en général. Comme noir, Etienne Mentor devait exciter les noirs contre les mulâtres. Chacun de ces agents devait enfin disposer les deux classes en faveur de la France, en les persuadant des regrets éprouvés de tout ce qui avait eu lieu en 1802 et 1803. — Voilà, probablement, les motifs de l’article 13 de l’arrêté du général Ferrand.

Avant de dire comment échoua cette mission secrète, très-politique, dans le sens de la mauvaise politique, examinons cette question.

Pour ramener l’ancienne colonie de la France à l’obéissance, à la soumission, le gouvernement français avait-il le droit et même était-il de son devoir d’employer de tels moyens ?