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ditionnaire. Les navires français étaient encore sur la rade dans l’après-midi du 29 novembre. Christophe écrivit à Rochambeau pour lui intimer de lever l’ancre, sinon il ferait canonner ces navires à boulets rouges : l’image du feu lui revenait en ce moment, comme au 4 février 1802.

Mais J. Boyé répondit à sa lettre, qui fut envoyée à Dessalines, — « que Rochambeau était surpris qu’il manifestât des intentions aussi contraires aux nouveaux a arrangemens pris avec son général en chef, et aux promesses qu’il avait faites de ne pas inquiéter les navires, quand même ils devraient rester dans la rade encore plusieurs jours. Je vous observe d’ailleurs, général, que l’armistice ne finit que ce soir au coucher du soleil.… »

J. Boyé réclamait une chose juste ; car l’article 1er de la capitulation fixait le délai de dix jours à partir du 20 novembre, et ce délai n’échéait que le soir. Dessalines donna l’ordre à Christophe de ne rien exiger, et les navires français ne sortirent de la rade que le 30 dans la matinée.

Quelques heures auparavant, Rochambeau avait fait signer par J. Boyé et le capitaine Barré, une capitulation avec les Anglais, qui rendait prisonniers de guerre, généraux, officiers et soldats sortis du Cap, sous la condition de les envoyer en Europe[1]. Mais les malades qui avaient été embarqués devaient être et furent expédiés en France, et les habitans qui suivirent l’armée furent déposés sur le territoire de Santo-Domingo.

  1. Rochambeau resta prisonnier en Angleterre jusqu’en 1811 ; échangé alors il se trouva, deux ans après, à la bataille de Leipsick, où il fut tué d’un boulet de canon.