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généraux et de ses soldats, où était-il pendant qu’ils se distinguaient ainsi ?

En donnant ses ordres pour que l’éminence de Charrier fût enlevée, il leur avait dit : « Je veux que le drapeau indigène flotte avant une demi-heure sur le sommet de Charrier, dussé-je voir disparaître numéro par numéro tous les corps de l’armée. Je veux que vous passiez l’arme au bras sous la mitraille des forts.[1] »

Lui qui n’avait plus à faire ses preuves sur le champ, de bataille, assis sur une pierre, roulant sa fameuse tabatière dans ses mains, il admirait aussi leur vaillance en les voyant conquérir, avec la butte de Charrier, un pays, une patrie pour toute sa race ; car ce succès avait décidé de la journée.

Honneur et gloire à la mémoire de tous ces Héros !


Convaincu lui-même que l’évacuation du Cap ne pouvait plus être différée, Rochambeau se résolut à traiter avec les Anglais qui bloquaient ce port : il n’avait pas une force navale capable de leur résister. Mais, en attendant la conclusion des arrangemens à prendre avec eux, il fallait porter Dessalines à ne pas recommencer la lutte aux abords du Cap même, dès le lendemain matin ; il était présumable qu’il y arriverait au jour.

À minuit, un officier français se présenta au quartier général indigène et dit à Dessalines, que Rochambeau lui faisait demander — « s’il serait disposé à entendre aux propositions qu’il devait lui faire. »

Dessalines répondit à l’officier : « Que n’étant muni d’aucun titre pour traiter avec lui, il n’avait qu’à se retirer et ne reparaître qu’avec un pouvoir à cet effet ;

  1. Histoire d’Haïti, t. 3, p. 87.