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Dès le premier coup de canon, Roehambeau sortit du Cap avec sa garde d’honneur, infanterie et cavalerie, et vint s’établir près de Vertières avec une pièce de 16 qu’il fit placer dans la savane Champain et dont le feu allait nuire encore aux indigènes.

Capois reçut le commandement de l’avant-garde avec ordre de s’emparer de l’éminence de Charrier.

Clervaux et Vernet avaient sous leurs ordres les corps d’attaque, pour favoriser la marche de Capois.

La réserve était commandée par Gabart, ayant sous lui J.-P. Daut.

Cangé commandait seul l’arrière-garde.

Dessalines envoya sa cavalerie pour soutenir Capois, en défendant l’avant-garde contre la cavalerie ennemie.

Les plus grands efforts devaient être dirigés contre Vertières. Clervaux ordonna l’assaut contre ce poste… Mais nous renonçons à décrire la lutte audacieuse, opiniâtre, qui fut soutenue par les indigènes, contre une fusillade bien nourrie et une artillerie qui vomissaient la mort dans leurs rangs[1]. Après des prodiges de valeur, Capois parvint sur le point culminant de Charrier, avec le concours de J.-P. Daut que le général en chef détacha de la réserve. Des canons y furent de suite placés, et leur feu fit taire celui de la pièce de 16 et incommoda singulièrement la garnison de Vertières, que la position de Charrier dominait. Insensiblement, Pierre-Michel et Breda eux-mêmes ne tiraient presque plus.

On se battait depuis le matin ; les indigènes avaient fait de grandes pertes, sans pouvoir enlever Vertières. Une de ces averses tropicales survint et contraignit les com-

  1. Voyez le journal de la campagne du Nord et l’excellente relation donnée par M. Madiou des affaires de cette journée, dans son Histoire d’Haïti.