Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/451

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’enceinte de l’hôpital militaire, encombré de malades, afin de les effrayer.[1] La plupart s’enfuirent en se répandant au loin dans la ville. À ce spectacle déjà fort triste, les femmes, encore plus effrayées que les malades, ajoutèrent par des cris lamentables. Lavalette fît alors appeler au palais du gouvernement des blancs et des indigènes, et leur dit qu’il allait faire proposer à Dessalines un armistice, afin de préparer l’évacuation de la ville. En effet, il envoya au quartier-général de Turgeau, un habitant (dit le journal de campagne) porteur de paroles verbales. Dessalines le renvoya avec une adresse aux habitans, promettant un bon traitement pour eux, et l’invitation verbale à Lavalette de formuler ses propositions par écrit. Le 5 octobre, un des aides-de-camp du général français apporta une lettre à cet effet. Le général en chef accorda quatre jours pour les préparatifs à faire, et demanda un officier supérieur français comme otage de la convention, en échange duquel il en enverrait un de son armée. Le chef de bataillon Andrieux vint de la ville, et l’adjudant-général Bonnet s’y rendit.

Mais, ignorant ces négociations, le fort Léogane ayant découvert la batterie que Cangé élevait à Piémont, lui lança des boulets. Cangé était prêt ; il lui riposta vigoureusement. Ses artilleurs n’étaient pas fort habiles ; leurs boulets passèrent au-dessus du fort et enfilèrent la gran d’rue dans toute sa longueur : de là un nouvel émoi dans la ville. Des ordres respectifs firent cesser ce feu.

En recevant les propositions de Lavalette par l’habitant, Dessalines avait assemblé quelques officiers supé-

  1. J’ai vu les salles de l’hôpital militaire sous le règne de Dessalines, et j’ai pu savoir que Pétion n’avait pas dirigé ses boulets sur ces lieux où reposaient de malheureux soldats blessés ou malades, mais bien sur la vaste cour de cet établissement.