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commandait la 8e, s’est comporté dans cette affaire avec toute la valeur qu’on lui connaît. » La réconciliation était définitive entre lui et le général en chef qu’il avait si longtemps méconnu : c’était encore l’un des héros de la Crête-à-Pierrot.

Le général en chef a rendu justice également à la bravoure de Lux : « L’ennemi, dit-il, quoique affaibli par la perte de son artillerie et par le nombre de ses morts, conserva néanmoins le plus grand ordre dans sa marche… »

En effet, étant parvenu de Sarthe à Blanchard, Lux, qui ignorait la reddition du blockhaus de Brouillard, se dirigea sur ce point, lançant à tout moment des feux de chaussée qui contraignirent les indigènes à lui laisser passage.

Dessalines donna l’ordre à Pétion de se porter au Morne-Pélé avec la 3e demi-brigade et 50 hommes de cavalerie. À Drouillard, le corps de cette cavalerie commandé par Charlotin Marcadieu, réussit à mettre le désordre dans la 5e légère en la chargeant avec vigueur : elle arriva en cet état « au Morne-Pélé, où le général Pétion acheva sa défaite[1]. » Lux, toujours au milieu de ses soldats, traversa alors l’habitation Chancerelle, et parvint enfin au portail Saint-Joseph, avec ceux qui avaient survécu dans ce terrible combat. Ils entrèrent au Port-au-Prince, où ils furent complimentés.

Longtemps après, en Haïti, on entendit parler du courage et de la bravoure du vieux colonel Lux, de la discipline et de l’héroïsme de la 5e légère[2].

  1. Journal de la campagne contre le Port-au-Prince.
  2. Nous avons connu Auson qui devint capitaine dans les grenadiers de la garde de Pétion : incorporé dans la 5e légère, il se trouva à ce combat. Il n’en parlait jamais sans manifester le plus grand enthousiasme pour le colonel Lux.