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tant de forces, sa faible garnison de 40 hommes ne pouvait faire mieux.

En ce moment, le colonel Lux arrivait de la Croix-des-Bouquets à la tête de 700 hommes de son corps et de la garde nationale, avec deux pièces de 4 et deux caissons, accompagnant un convoi de vivres pour le Port-au-Prince. Averti de la présence des forces indigènes, il s’arrêta à Damiens pour délibérer sur le parti à prendre. Tenter de percer ces masses était périlleux ; s’il retournait à la Croix-des-Bouquets, elles y seraient venues contre lui, et alors il aurait été contraint à de plus grands efforts pour se réfugier dans la partie espagnole. Lux comprit sans doute que c’en était fait de l’occupation française dans l’ancienne colonie de la France : il préféra le parti le plus périlleux, le plus digne de son courage. Il ne lui était pas possible néanmoins, de continuer par la grande route ; il résolut de passer par diverses habitations pour arriver sous les murs de la ville. Ranimant sa troupe par une chaleureuse harangue, il commença sa marche.

De son côté, Dessalines le prévint dans cette nouvelle route, en envoyant les 8e et 11e demi-brigades se placer en embuscade dans le chemin qui conduit de Sarthe à Drouillard, tandis que la 20e attaquerait le centre de la 5e légère, et que la 4e la prendrait en queue.

Lux fit agir ses canons contre les troupes embusquées. Pendant qu’il combattait la 11e, la 8e se précipita sur les canons et les enleva : l’explosion de l’un des caissons tua quatre grenadiers de ce corps. En ce moment, Dessalines les excitait de sa voix, en s’exposant au feu comme un soldat.

Larose mérita ce glorieux éloge, consigné dans le journal de cette campagne : « Le chef de brigade Larose, qui