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Môle avec mie frégate anglaise, pour lui annoncer son intention contre Saint-Marc et l’attirer de ce côté. L’Anglais y vint effectivement ; mais il répondit à Dessalines, en lui recommandant de la modération envers les Français, s’il réussissait à enlever la place de vive force. On ne peut que louer cette sollicitude d’un ennemi des Français, qui savait de quoi Dessalines était capable. Le général D’Henin commandait à Saint-Marc, et la famine y sévissait comme dans toutes les autres villes. À l’apparition de la frégate anglaise, D’Henin proposa à son commandant de capituler. La convention fut signée le 4 septembre, et dans la nuit toute la garnison, composée de Français et d’indigènes que commandait Faustin Répussard, s’embarqua sur le Vanguard qui la porta au Môle.

Gabart pénétra aussitôt dans la place et souilla ses armes, en ordonnant le pillage des malheureux habitans, la plupart indigènes : les femmes furent dépouillées de tous leurs vêtemens. Il faut flétrir un tel acte, qui n’avait pas même l’excuse ordinaire d’une ville prise d’assaut, et qui prétextait de l’assassinat du bataillon de la 12e par le général Quentin, pour en tirer vengeance. On ne doit pas se venger sur de malheureuses femmes.

Dans l’intervalle, Dessalines s’était porté au Port-de-Paix et dans quelques autres quartiers du Nord avec son état-major, afin de ranimer l’ardeur des généraux et des troupes. Au Port-Margot, il avait envoyé Bazelais à bord du vaisseau anglais monté par le commodore Loring, pour en acheter un peu de poudre et lui annoncer ses préparatifs contre les places encore occupées par les Français. Sachant la prise de possession de Saint-Marc, il y vint rapidement avec le général Vernet. Sa présence y fit cesser les brutalités de Gabart ; mais il ordonna une