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mais l’accueil qu’il reçut de Geffrard et de tous les officiers supérieurs, dissipa promptement toute crainte, toute aversion. Assemblant les troupes autour de lui, Dessalines leur tint un langage plein de patriotisme ; il s’excusa de sa conduite antérieure, par l’obéissance qu’il devait à T. Louverture et dans la pensée que ce dernier n’avait voulu que la liberté de ses frères, mais en rappelant aussi qu’il avait épargné la vie de plusieurs des guerriers qui agissaient alors pour le triomphe de cette liberté. Il leur dit que désormais l’oubli du passé, l’union entre tous les indigènes leur étaient commandés à tous sans exception, pour pouvoir vaincre les blancs, les chasser du pays, et rester indépendans de la France. Enfin, il fit valoir la reconnaissance de son autorité par tous les généraux de l’armée indigène, l’anéantissement de la faction de Sans-Souci et des Congos du Nord, en annonçant que celle de Lamour Dérance devait être déjà anéantie, par l’ordre qu’il avait donné de son arrestation.

Les cris de : Vive le général en chef ! Vive la liberté ! répondirent à cette chaleureuse allocution, d’ailleurs pleine de bon sens.

Faisant immédiatement acte d’autorité souveraine, dictatoriale, Dessalines promut Geffrard au grade de général de division ; Gérin, Férou, Jean-Louis François et Coco Herne, à celui de général de brigade. Le commandement du département du Sud fut déféré à Geffrard ; celui des arrondissemens de l’Anse-à-Veau, à Gérin ; d’Aquin, à Jean-Louis François ; des Cayes, à Coco Herne ; de Jérémie, à Férou.

Procédant à l’organisation des troupes que Geffrard avait déjà formées, Dessalines nomma Bourdet, colonel de la 13e demi-brigade ; Francisque, colonel de la 15e ; Bru-