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leurs ennemis : ce sont les meilleurs argumens en faveur d’une cause d’ailleurs juste. Il était du devoir des indigènes de faire une distinction entre les militaires français tombés en leur pouvoir, victimes d’une guerre inique entreprise par leur gouvernement, et ces êtres inhumains dont le seul plaisir était d’immoler noirs et mulâtres défendant leur liberté, même ceux qui restaient encore fidèles à la mère-patrie. Kerpoisson, le cruel Kerpoisson, digne exécuteur des atrocités de Berger, subit à cette époque le supplice dû à ses crimes. Envoyé sur une goélette à Jérémie, pour y prendre des munitions, il fut capturé à son retour vers le cap Tiburon, par les barges de Bégon et d’Aoua : garotté, fouetté, jeté à la mer pour lui rappeler seulement les noyades qu’il exécutait aux Cayes, il fut pendu enfin aux Quatre-Chemins des Cayes ; on mit sur son cadavre un écriteau ayant ces mots : Le crime ne reste jamais impuni. Les 22 officiers qu’il avait arrachés des mains de l’honnête Lebozec, et tant d’autres victimes étaient solennellement vengés par cette exécution.


Dans l’Ouest, au mois de février, Magloire Ambroise fit de vains efforts, par ordre de Lamour Dérance, pour enlever Jacmel sur le général Pageot et Dieudonné Jambon. Les rivalités entre les officiers secondaires nuisirent aux succès qu’il eût pu obtenir, mais il continua de cerner étroitement la place.

Un imprimé publié au Port-au-Prince parvint à Pétion dans ce même mois, par l’un de ses émissaires. En rendant compte du combat de la plaine du Cul-de-Sac, où les Français avaient pris un drapeau de la 13e demi-brigade, on remarquait « que les indigènes avaient conservé le drapeau tricolore de la France, ce qui indiquait de leur