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reçurent peu après des renforts venant du Cap, sur les vaisseaux l’Indomptable et le Mont-Blanc qui y arrivaient de France en ce moment. Darbois et Sarqueleux retournèrent à Jérémie, Laplume et Néret aux Cayes. La déroute des indigènes eut lieu le 12 février.

Mais alors, des faits importans s’étaient accomplis sur d’autres points du département du Sud. Le même jour, 16 janvier, où Geffrard prenait l’Anse-à-Veau, Tiburon tombait au pouvoir d’autres indigènes soulevés déjà contre leurs communs ennemis. On a vu que Goman était dans les bois de ce quartier dès le mois de mai 1802 ; à lui s’était rallié Nicolas Régnier, ancien chef de bataillon, comme lui, sous Rigaud ; peu après la révolte éphémère de Joseph Darmagnac, un troisième ancien chef de bataillon sous le même général, Gilles Bénech, était allé les joindre. Plus ancien que les deux autres dans le service militaire, celui-ci fut reconnu par eux comme leur supérieur, quoiqu’ils gardassent chacun le commandement des petites bandes de cultivateurs qu’ils avaient endoctrinés. Gilles Bénech, Africain, mais d’une finesse remarquable qui lui valut le sobriquet de petit-malice, réussit à embrigader d’autres cultivateurs et à former ainsi une troupe d’environ 2000 hommes ; il persuada à ses compagnons d’aller s’emparer de Tiburon, principalement pour se procurer des munitions. Cette place était toujours commandée par le colonel Desravines, homme de couleur que T. Louverture y avait placé ; n’ayant pas assez de forces à opposer aux insurgés, il se retira aux Irois où il fut tué par les Français, qui le punirent ainsi de sa fidélité à leur cause.

Dans le même mois, au Port-Salut, Vancol, Wagnac, Théodat et Bergerac Trichet, deux frères, se prononcé-