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La position des habitations Marchand et Laville, au pied de la chaîne des montagnes des Cahos, présentant des monticules faciles à défendre, le général en chef ordonna à Pétion d’en tracer les fortifications qui furent commencées dès-lors. Si Pétion y mit les règles du génie militaire qu’il possédait, Dessalines leur donna des noms qui portaient l’empreinte de son génie particulier : il y eut les forts Décidé, Culbuté, la Fin du Monde, Résolu, la Source et Innocent, ce dernier nom étant celui de l’un de ses fils naturels.


Examinons ici la position respective des Français et des Indigènes, au moment où finissait l’année 1802.

Toute l’ancienne partie espagnole était au pouvoir des Français.

Dans le Nord, ils possédaient le Cap, le Môle, le Fort-Liberté et la Tortue.

Tout l’intérieur de ce département appartenait aux Indigènes.

Sans-Souci donnait ses ordres depuis le Borgne jusqu’aux campagnes du Fort-Liberté. Petit-Noël Prieur était son premier lieutenant ; les autres chefs débandes étaient : Jacques Tellier, Labrunit, Cagnet, Yayou, Macaya, Mavougou, Va-Malheureux et Caca-Poule (quel nom bizarre !). Toussaint Brave et Charles Bauduy, anciens militaires, étaient contraints d’obéir à ces Congos, malgré leurs sympathies pour Dessalines.

Clervaux, ayant réorganisé la 6e coloniale en partie, faisait tête à l’orage autant que possible, en s’efforçant de faire des prosélytes au véritable général en chef. Il en était de même de Christophe qui, plus haï que son collègue, se voyait réduit à l’inaction avec quelques troupes