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tactique supérieure : de là, leurs succès. Pamphile de Lacroix qui a eu des troupes coloniales sous ses ordres, leur a assez rendu justice pour qu’on ne doute pas de leur courage à la guerre ; et d’ailleurs la Ravine-à-Couleuvre, la Crête-à-Pierrot, les Trois-Pavillons, le Haut-du-Capet le Cap même, l’attestent suffisamment.

Boisrond Tonnerre raconte ainsi les procédés de Dessalines manquant de cartouches pour ses troupes : « C’était dans ces momens que son génie lui faisait trouver des ressources et de l’encouragement dans le sein de la pénurie même. Il parcourait les rangs, choisissait les anciens militaires dont la témérité lui était connue, donnait deux cartouches à chacun en les exhortant d’aller vider la giberne d’un blanc. C’est ainsi que l’homme fait pour commander, sait tirer parti de la gêne et faire un point d’honneur d’un acte de nécessite. »

Parmi les troupes françaises qui chassèrent Pétion du Cul-de-Sac, se trouvaient des indigènes du Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets : ils ne furent pas les moins brillans dans cette affaire. L’un d’eux, dans la déroute de la 13e, prit l’un des drapeaux de ce corps : ils étaient encore tricolores comme ceux des Français ; seulement on en avait arraché le coq gaulois qui les décorait. Ce drapeau porté en triomphe au Port-au-Prince, fit penser que les indigènes sous les ordres de Dessalines, n’avaient nulle idée d’indépendance, de nationalité distincte ; on publia cette opinion : bientôt on verra ce qu’elle produisit.

Pétion s’étant rendu au camp Frère, y trouva Germain et Caradeux, qui l’accueillirent avec sa troupe. Il se dirigea ensuite dans la plaine de Léogane, par la colline de la Rivière-Froide et le Morne-à-Bateau.