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les convainquant de la nécessité de reconnaître l’autorité suprême de Dessalines ; il persuada Petit-Noël, il agit non moins efficacement sur l’esprit de Sans-Souci et de tous leurs officiers secondaires, parmi lesquels était Yayou, qui devait un jour subir lui-même l’influence de ce caractère supérieur. Bientôt on le verra encore dans l’Ouest, entraîner les convictions et inspirer Geffrard pour aller les réunir dans le Sud.

Après s’être séparé en paix de ses compagnons d’armes et des Congos, Pétion se rendit avec la 13e à la Petite-Rivière, où il trouva Dessalines : on était dans les derniers jours de novembre. Dessalines, on le comprend, lui fît l’accueil le plus cordial : ils se racontèrent mutuellement les événemens qui avaient eu lieu depuis leur dernière entrevue ; et Pétion ne négligea pas de lui exposer le péril qui existait dans les prétentions des premiers insurgés du Nord. J.-P. Daut lui avait déjà dit ce qui s’était passé en sa présence.

Reconnaissant en Dessalines, le général en chef des indigènes armés pour assurer la liberté de tous, Pétion fut promu par lui au grade de général de brigade, dû bien légitimement aux services qu’il venait de rendre. L’acte de Sans-Souci n’influa en rien sur cette promotion ; elle était la conséquence de ces services et de leur entente depuis l’entrevue de Plaisance.

Dès-lors, la fusion s’opéra entre les deux anciens partis politiques qui avaient ensanglanté Saint-Domingue, mais qui allaient désormais féconder ce sol d’un sang plus judicieusement versé. L’exemple tracé par Pétion dans le Nord et l’Artibonite, et bientôt après dans l’Ouest, ne pouvait qu’être imité dans le Sud, puisque Geffrard, Jean-Louis François, Coco Herne, Papalier, Francisque