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après lui, le capitaine-général résolut d’ouvrir la campagne pour reprendre les points occupés par les indigènes sur le littoral.

Les généraux Clauzel et Lavalette partirent du Cap avec plusieurs bataillons d’infanterie et un d’artillerie sur un vaisseau, deux frégates et une corvette. Le 1er décembre, cette flotille pénétra dans la baie du Fort-Liberté. Toussaint Brave n’y avait qu’un bataillon de la 1re demi-brigade et des cultivateurs armés ; il fit toute la résistance possible, mais il dut céder aux forces supérieures qui l’attaquèrent, aidées de la canonnade des navires de guerre : en se retirant, les indigènes mirent le feu aux maisons jusque-là préservées de l’incendie.

On conçoit que Rochambeau dut s’empresser d’annoncer ce succès de son gouvernement. Sa proclamation à ce sujet parla avec emphase de la puissance de la France (ce qui était fondé) et de son intention de renforcer l’armée expéditionnaire par de nouveaux envois de troupes. Mais, un mois après, les bruits de rupture de la paix avec la Grande-Bretagne parvinrent au Cap ; ils refroidirent cet enthousiasme, — la guerre avec ce colosse maritime devant, sinon supprimer toute autre expédition, du moins entraver considérablement les bonnes dispositions du gouvernement à cet égard.

C’est immédiatement après la prise du Fort-Liberté que le capitaine-général résolut de faire remplir une mission à la Jamaïque et à la Havane, par le général Noailles (Louis-Marie de) : elle avait un double but. Rochambeau voulait d’abord se procurer de l’argent à quelque prix que ce fût. À la Jamaïque, Noailles devait négocier un énorme emprunt de plusieurs millions, au moyen de