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mulâtres, cela eût paru tout naturel ; mais elle l’était aussi contre les blancs qui avaient servi sous T. Louverture depuis quatre ans, et qui, le voyant dans les bonnes grâces (apparentes) du gouvernement de la métropole, s’imaginaient qu’ils servaient aussi les vues de ce gouvernement. En cela, l’arrêté avait un caractère d’impartialité dont il faut lui tenir compte ; mais, il faut le dire, ce n’est pas la vraie politique qui l’avait dicté, c’est l’injustice. Et comme, au 22 octobre, le général Cafarelli venait de faire son rapport sur ses entretiens avec le malheureux prisonnier du fort de Joux, on peut juger, par cet acte que nous venons d’analyser, s’il était possible que son sort s’adoucît.

Un autre arrêté du même gouvernement avait précédé celui-là : daté du 6 septembre, il était tout favorable à la restauration des colons sur leurs biens. Un sursis de cinq années leur fut accordé, contre toutes poursuites en paiement des dettes énormes qu’ils avaient contractées envers le commerce national ; il fut fixé jusqu’au 1er vendémiaire an XVI (24 septembre 1807). Sage et conciliant dans ses motifs, il n’avait que le tort de compter sans les éventualités du temps. Rochambeau s’empressa de le publier aussi pour fortifier l’espoir des colons présens à Saint-Domingue, faire naître celui des absens et les attirer dans la colonie.

Éprouvant lui-même l’espoir d’y assurer la domination de la France, par l’arrivée des troupes au Cap deux jours

    de sa propre main, au bas du rapport fait sur une demande que présenta Pétion, alors à Paris, pour obtenir la confirmation de son grade d’adjudant-général, conféré par Sonthonax en 1797 : « L’intention du Premier Consul est de ne confirmer aucun de ces grades.  » L’arrêté du 22 octobre 1802 était donc conçu depuis longtemps ! Il n’est pas étonnant alors que Chaudry ait conçu lui-même l’idée d’envoyer Pétion à Madagascar.