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nans de ces deux chefs sont réunis : ils vont maintenant diviser tous les efforts de leurs frères, et des circonstances extérieures faciliteront bientôt leur œuvre patriotique.


Comme il l’avait annoncé au général Quentin, Dessalines marcha contre Saint-Marc avec peu de troupes régulières et des cultivateurs mal armés. Avec de telles forces, il n’était pas possible d’enlever cette place : c’était ce qui se passait autour du Cap. Il avait écrit à Larose qui était à l’Arcahaie, de venir l’assister avec ses gens ; mais cet indocile lui refusa tout concours, ayant encore le ressentiment de ce qu’il avait essuyé à Plassac et ne voyant en lui qu’un traître, pour avoir livré Charles Bélair à Leclerc : du reste, il obéissait à Lamour Dérance. Après avoir passé huit jours devant Saint-Marc et avoir combattu, Dessalines fut contraint de se retirer à la Petite-Rivière.

Cet insuccès le porta naturellement à réfléchir sur la nécessité de réorganiser des troupes. Celles qui existaient sous T. Louverture avaient subi des pertes successives depuis l’arrivée de l’expédition française ; les défections, la dissémination de ces corps anciens dans les divers départemens, avaient introduit une véritable anarchie dans l’armée coloniale ; et les prétentions élevées par les chefs de bandes constituaient une nouvelle anarchie encore plus déplorable. Pour les dompter et donner une direction unique à la guerre qui allait aboutir à l’indépendance du pays, il fallait donc qu’il soumît à la discipline militaire toutes les forces vives qu’il réunirait sous ses ordres. C’est la condition nécessaire, indispensable, de tout succès. Des cadres subsistaient, d’anciens officiers étaient là tout prêts ; il n’y avait qu’à garnir les uns, à employer les au-