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soldats qui s’étaient soumis des premiers aux Français avec Clervaux, à Saint-Yague, et qui ne les avaient jamais combattus.

Le 15 octobre, Clervaux, Pétion et leurs troupes avaient repris la route du Haut-du-Cap, avec Petit-Noël et ses bandes. 5000 hommes, dit-on, se trouvaient réunis pour attaquer ce point ; mais la plupart d’entre eux étaient mal armés, indisciplinés et disposés à n’obéir qu’à leur chef, impatient lui-même de l’autorité militaire de Clervaux. À onze heures de la nuit, le combat s’engagea et dura jusqu’à quatre heures du matin, le 16.

Quoique les Français, commandés par le général Clauzel, combattissent avec courage, ils ne purent empêcher que le Haut-du-Cap, les forts Pierre-Michel et Jeantot ne restassent au pouvoir des indigènes. Dans ce dernier fort, leur résistance avait été plus longue : il était commandé par le chef de brigade Anhouil[1]. Les Français rentrèrent au Cap ou occupèrent les positions qui avoisinent le plus cette place.

C’est alors seulement que Christophe se prononça. Laissant une partie de ses troupes à Saint-Michel, il vint au Haut-du-Cap avec l’autre, et se joignit à Clervaux et Pétion. En le voyant, Petit-Noël entra en fureur, l’accabla d’injures et lui fit des menaces. Mais Christophe était aussi brave qu’il méprisait Petit-Noël et ses gens : il leur

  1. J’ai lu des pièces authentiques, officielles, qui établissent ces faits, et parlent de l’heure de l’attaque et de la durée du combat. P. de Lacroix s’est trompé, en disant que l’attaque commença à une heure du matin, et que les indigènes furent, tout-à-fait repoussés du fort Jeantot : ils en restèrent maîtres à la fin. Il convient, du reste, qu’ils replièrent les troupes françaises du Haut-du-Cap, et s’emparèrent du fort Pierre-Michel, et finit par dire qu’ils se déterminèrent à la retraite, en laissant sur le terrain un assez grand nombre de morts. — T. 2, p. 235 à 237.