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nationale. Le général D’Henin commandait les dragons de cette garde nationale.

Christophe n’avait pas bougé de la position de Saint-Michel qu’il occupait près de la Petite-Anse, sur la route qui conduit au Cap. Le général Leclerc envoya auprès de lui un officier porteur de l’ordre de marcher contre Clervaux et Pétion, et reçut pour réponse qu’il pouvait compter sur lui, « qu’il allait se mettre en mesure de ne point obéir aux mulâtres qui paraissaient vouloir profiter des troubles de la colonie pour en usurper le gouvernement. Il ajouta qu’il allait aussi prendre les moyens de se défaire de Sans-Souci et de Macaya, dont les bandes resserraient le Cap[1]. » Mais Leclerc apprit bientôt que quelques heures après, Christophe avait dit qu’il avait les moyens de rabaisser sa fierté, et qu’en attendant il resterait spectateur bénévole des événemens. Le fait est, qu’il redoutait Sans-Souci, Macaya et Petit-Noël. On a vu que ce n’était pas sans raison : il ne se sentait pas de force à braver leur haine dans ce premier moment. Du reste, il trompait Leclerc.

Ces paroles de Christophe et la défection de Pétion et de Clervaux, portèrent Leclerc à désarmer la 6e coloniale et à embarquer ces 1200 hommes sur les navires de guerre. L’amiral Latouche Tréville les commandait. Leclerc avait déjà soustrait ce corps à l’influence de Clervaux ; maintenant, en le désarmant et l’embarquant tout entier à bord des navires de guerre qui servaient aux noyades, ce n’était pas seulement une mesure de précaution ; c’était annoncer une arrière-pensée détestable. On va voir bientôt ce qui advint à tous ces braves officiers et

  1. Pamphile de Lacroix, t 2, p. 235.