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Après le succès de Capois au Port-de-Paix, l’insurrection devint générale dans tout le Nord : les cultivateurs des plaines se joignirent à ceux des montagnes. Les Français ne pouvaient plus se tenir que dans les villes et les bourgs du littoral. Le capitaine-général prit alors la résolution d’y concentrer les troupes valides, et d’organiser la garde nationale, pour les défendre. Le général Boudet, revenu de la Guadeloupe, avait le commandement du département du Nord.

Pendant que Brunet, en possession du Port-de-Paix, ordonnait des exécutions à mort comme faisait Rochambeau au Port-au-Prince, — au Cap, le capitaine-général lui-même agissait comme ses lieutenans.

« On recourut alors, dit P. de Lacroix, aux expédiens de la faiblesse ; on adopta le faux système des supplices pratiqués dans l’Ouest. Les exécutions se renouvelant chaque jour, chaque jour éclaira de nouvelles désertions. La preuve qu’on abusait des exécutions, c’est que plus elles se multipliaient, moins on imposait aux révoltés. Les noirs montraient à la potence le courage avec lequel affrontent la mort les martyrs d’une secte ou d’une opinion qu’on opprime. »

Le faux système des supplices régnait déjà au Cap ; mais, dans les circonstances où l’insurrection se généralisait dans le Nord, on lui donna plus d’activité : voilà la vérité.

« Effrayé sur l’avenir, dit encore le même auteur, on s’abandonnait à des propos indiscrets et à des regrets inutiles. On osait dire que le capitaine-général avait eu tort de ne pas se débarrasser, avec Toussaint

    clair, quand il a dit de Leclerc : « Il fut dupé par les généraux noirs.  » D’après cette lettre de Brunet, n’eurent ils pus raison ?