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Entre les noirs, défendant leur liberté, et les blancs, voulant les remettre dans l’esclavage, de quel côté étaient la raison et l’excuse de toutes les horreurs commises de part et d’autre ?…


Tandis que Christophe faisait de vains efforts pour dissiper les bandes de Sans-Souci du côté du Dondon et de la Grande-Rivière, et qu’il était, au contraire, refoulé en désordre jusqu’au Cap, — aux Moustiques, dans la péninsule du Nord, les insurgés obtenaient les mêmes avantages contre Brunel, Boyer, et Maurepas qui servait la France avec zèle : une nouvelle insurrection éclatait aussi dans la commune des Gonaïves.

Brunet, revenu au Pendu, canton du Gros-Morne, y fit pendre des cultivateurs sans même s’assurer s’ils étaient insurgés : c’était le moyen de les contraindre à l’être. Resserré par eux, il appella Maurepas à son secours. Ce dernier vint en effet avec des soldats de la 9e coloniale. Mais en son absence de la commune du Port-de-Paix, Capois prit les armes à son tour et alla s’emparer de cette ville, où il massacra tous les blancs qui tombèrent sous sa main : les femmes et les enfans seuls furent épargnés. Brunet et Maurepas, secondés par le commandant René Vincent, marchèrent sur le Port-de-Paix pour le reprendre. Ils réussirent à se rendre maîtres du fort Laveaux et d’une partie de la ville ; mais Capois tint ferme au Grand-Fort, jusqu’au moment où le général Dugua fut envoyé par le capitaine-général avec quelques centaines d’hommes, au secours de Brunet.

Capois évacua la position en emportant les munitions qui s’y trouvaient. Il devint dès-lors le chef des insurgés de toute la péninsule du Nord. Après la soumission de