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guerriers contre mille dangers, contre mille morts sur le champ de bataille, pour les condamner ensuite à finir si tristement leurs jours ?

Avant la mort de Lamartinière, Larose, qui avait dû se retirer du côté du Mirebalais, après avoir été chassé de Plassac par Dessalines, était venu offrir son concours à Destrade, en l’engageant toutefois à aller grossir les bandes de Lamour Dérange, qu’ils reconnaîtraient pour général en chef. Cette proposition, accueillie par Destrade, ne fut pas goûtée par ses gens qui ne voulaient pas abandonner leurs pénates : son acquiescement lui nuisit dans leur esprit, et il les vit déférer le commandement à Larosè qui, en sa qualité d’ancien militaire, leur inspirait plus de confiance pour la conduite de cette guerre. Larose ne put cependant les porter à suivre ses idées de réunion à Lamour Dérance ; mais il organisa ces bandes, résista à Lamartinière, et, après sa mort, finit par s’emparer du bourg de l’Arcahaie : toute la 3e coloniale passa dans ses rangs. La prise de ce bourg intercepta toutes communications entre le Port-au-Prince et Saint-Marc[1]. Ce résultat accrut la hardiesse des insurgés, qui se recrutèrent dans la commune des Verrettes.

De leur côté, Métellus, Thomas Marie-Jeanne, Adam, Mathieu Fourmi, nouveaux chefs d’insurgés, Sanglaou, Lamour Dérance, se répandirent dans les montagnes du voisinage du Port-au-Prince, dans la plaine du Cul-de-Sac, dans celle de Léogane, pendant que les cultivateurs de Marigot se soulevaient à leur tour. Tous ces chefs de bandes reconnurent l’autorité de Lamour Dérance, de

  1. L’Arcahaie tomba au pouvoir de Larose, le 25 octobre. Robes, qui s’était signalé là, en 1799, par ses cruautés contre les hommes de couleur, fut tué dans cette affaire.