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Le pacte d’alliance était dès-lors signé entre ces deux hommes. Mais, restait à savoir quelles étaient les vues de Pétion sur l’avenir. Il importait à Dessalines, qui nourrissait des desseins secrets comme nous l’avons déjà dit, de s’assurer si Pétion le considérerait comme devant être le chef suprême qui remplacerait T. Louverture, à la déportation duquel il avait tant contribué. Il ne fut pas difficile à Pétion de pressentir ce qu’il désirait savoir, à propos des obstacles qu’il entrevoyait dans l’ambition de quelques généraux, pour un concert entre eux tous, si, comme ils s’y préparaient déjà, comme les noirs des campagnes leur traçaient l’exemple, il fallait enfin reprendre les armes contre les Français pour aboutir à un résultat qui ne pouvait être que l’indépendance. Pétion le rassura, en le persuadant que nul autre que lui ne réunissait autant de titres au choix de l’armée coloniale et de la population indigène.

Étant ainsi d’accord, ils durent néanmoins remettre l’exécution de leurs projets à un moment plus opportun, pour avoir le temps de s’aboucher avec les autres généraux ; de nouvelles circonstances devenaient nécessaires. En attendant, ils résolurent de continuer à combattre les chefs de bandes qui, par la prétention de leur priorité dans la lutte, allaient être un grand embarras pour la réalisation de ces projets. On verra en effet, qu’il fallut les soumettre par la force ou se défaire de quelques-uns, parce que chacun d’eux représentait en quelque sorte une

    porta à ne jamais prendre son nom, comme firent beaucoup d’autres mulâtres, pour celui de leurs pères.

    Les particularités de son entrevue avec Dessalines, à Plaisance, furent racontées à des citoyens du Sud par Jean-Louis François, chef de bataillon de la 13e. Francisque, l’un des capitaines de ce corps, a confirmé ce récit.