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d’une religion divine, éclairaient et agrandissaient l’esprit humain dans les diverses contrées qu’ils ont parcourues[1]. »

Il paraît que le néophyte adopta en même temps ce qu’on a toujours reproché aux Jésuites : — une hypocrisie consommée, qui affecte les dehors de la religion, de la dévotion, afin de mieux cacher ses vues. Qui mieux que Toussaint Louverture réunit la dissimulation et l’hypocrisie ? Ces vices étaient sans doute l’effet de sa condition antérieure à la révolution et de son éducation ; il n’est pas moins vrai qu’il se distingua sous ce rapport.

La révolution éclate à Saint-Domingue, et c’est à cet homme, âgé alors de 48 ans, sachant lire et écrire, quoique imparfaitement, possédant déjà une expérience acquise par l’attention que son esprit méditatif donnait aux conversations journalières des nobles contre-révolutionnaires entre eux, sous le toit de ses maîtres ; c’est à lui qu’ils s’adressent pour remuer les ateliers d’esclaves dans des vues de contre-révolution. Alors commence son éducation politique. Inutile de répéter ici ce que nous avons successivement relaté de lui dans tout le cours de sa carrière, et que nous avons résumé, en présentant ses antécédens dans notre 4e livre. On a vu aussi, dans le 5e, comment il a donné suite à toutes ses idées antérieures, pour réaliser le plan des contre-révolutionnaires dont il fut le premier agent.

C’est à ce plan, exécuté avec une audace et une résolution peu communes, qu’on doit attribuer son renversement du pouvoir. Il est évident que l’organisation politique de son gouvernement et surtout l’abus qu’il fit de sa puissante autorité, étaient trop contraires aux intérêts

  1. Notes diverses sur la vie de Toussaint Louverture, par son fils Isaac.