Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les prospérités mondaines, afin de l’humilier ensuite en le précipitant du faîte des honneurs où il était parvenu. Elle n’agit ainsi que pour l’instruction des peuples, que pour apprendre surtout à leurs chefs, qu’il est de leur devoir de conformer leurs actions aux principes de la morale qu’elle a gravés dans tous les cœurs, aux préceptes de la religion qu’elle a révélée au monde ; que c’est en vain qu’ils espèrent échapper à la sévérité de sa justice, s’il sont foulé aux pieds les sentimens qu’ils sont tenus d’entretenir pour leurs semblables.

Qu’on ne vienne pas nous reprocher ici de soutenir une thèse de théologie, à propos des humbles Études que nous faisons sur l’histoire de notre pays. Si nous reconnaissons la faiblesse de notre esprit, nous croyons aussi qu’il est de notre devoir de faire ressortir, autant qu’il dépend de nous, de toutes les questions que nous traitons, tout ce qui tend à moraliser la solution que nous en tirons. Il faut une conscience à l’histoire pour quelle mérite ce nom, a dit un grand écrivain[1]. Quelque médiocre que soit l’œuvre que nous avons entreprise, nous pensons donc qu’il faut en déduire toutes les vérités morales qui s’offrent successivement dans ce travail.

Jetons un coup d’œil rétrospectif sur la carrière qu’a parcourue Toussaint Louverture, afin d’examiner s’il a observé les préceptes de morale et de religion dont il faisait constamment un si grand étalage aux yeux de la multitude, pour mieux la dominer et assurer le succès de ses vues contre ses adversaires.

Cet homme que la nature avait doué de talens incontestables, d’un vrai génie, que les circonstances du temps ont

  1. Lamartine.