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« Si je voulais compter tous les services que j’ai rendus dans tous les genres au gouvernement, il me faudrait plusieurs volumes ; encore n’en finirais-je pas. Et pour me récompenser de tous ces services, on m’a arrêté arbitrairement à Saint-Domingue ; on m’a garotté et conduit abord comme un criminel, sans égard pour mon rang, sans aucun ménagement. Est-ce là la récompense due à mes travaux ? Ma conduite me faisait-elle attendre un pareil traitement ? »

Il n’a pas oublié de plaider aussi la cause de sa famille, aussi maltraitée que lui, ni celle de ses officiers arrêtés en même temps :

« À supposer même que je fusse criminel et qu’il y eût des ordres du gouvernement pour me faire arrêter, était-il besoin d’employer cent carabiniers pour arrêter ma femme et mes enfans sur leurs propriétés, sans respect et sans égard pour le sexe, l’âge et le rang, sans humanité et sans charité ? Fallait-il faire feu sur mes habitations, sur ma famille, et faire piller et saccager toutes mes propriétés ? Non ! Ma femme, mes enfans, ma famille ne sont chargés d’aucune responsabilité. Ils n’avaient aucun compte à rendre au gouvernement ; on n’avait pas même le droit de les faire arrêter…

« Aujourd’hui, malgré mon désintéressement, on cherche à me couvrir d’opprobre et d’infamie ; on me rend le plus malheureux des hommes, en me privant de la liberté, en me séparant de ce que j’ai de plus cher au monde, d’un père respectable, âgé de 105 ans, qui a besoin de mes secours[1]d’une femme adorée qui, sans

    d’après le Mémorial de Las Cases. » Les Romains poursuivirent Annibal jusqu’au fond de la Bithynie. »

  1. Suivant les Notes diverses d’Isaac sur la vie de T. Louverture, qui font de