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Maurepas avait également des talens pour l’administration et la guerre.

Paul Louverture était actif, brave et intelligent.

Henri Christophe était paresseux, mais propre à la guerre.

Charles Bélair, Moïse, Vernet et les autres généraux n’étaient propres qu’à la guerre, et il en faisait peu de cas [1].

Le reste des officiers supérieurs n’étaient que des machines.

Après ces divers entretiens, le général Cafarelli voyant, dit-il, que T. Louverture n’avouait rien de tout ce qu’on lui imputait, imagina de piquer son amour-propre pour l’y porter. Il lui dit : — que ce serait montrer du courage, acquérir une nouvelle gloire, lui, le premier de sa couleur, que de convenir — qu’il avait chassé les agens de la France, organisé une armée, une administration, fait des traités, accumulé des trésors, rempli ses arsenaux et ses magasins, pour assurer son indépendance. — Il parut s’étonner de ce langage, ajoute ce général ; mais il protesta de son dévouement, de sa fidélité à la France. Il me fut aisé de juger que cet homme avait pris son parti, et ne voulait rien avouer.  »

Cafarelli a signalé deux circonstances où, dit-il, T. Louverture a montré une grande élévation d’âme : la première, — lorsqu’on lui apporta, en sa présence, du linge qu’il avait fait faire ; il le trouva au-dessous de lui, même dans sa position[2] ; la seconde, — lorsqu’on lui demanda

  1. Il faut entendre ce jugement sous le rapport administratif : l’administrateur, l’organisateur dominait en T. Louverture. Il affecta de ne citer nommément ni Clervaux, ni Agé, ni Laplume.
  2. Dans son Mémoire, on lit aussi cette phrase : « On m’a envoyé de