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tion Georges pour y joindre le général Brunet. Différentes versions ont été faites sur les circonstances de son arrestation : laissons-le parler lui-même, d’après son mémoire.

« Après ces deux lettres, dit-il, quoique indisposé, je me rendis aux sollicitations de mes fils et d’autres personnes, et partis pendant la nuit même pour voir le général Brunet, accompagné de deux officiers seulement. À 8 heures du soir, j’arrivai chez ce général[1]. « Quand il m’eut introduit dans sa chambre, je lui dis que j’avais reçu sa lettre, ainsi que celle du général en chef qui m’invitait à me concerter avec lui, et que je venais pour cet objet ; que je n’avais pas pu emmener mon épouse, suivant ses désirs, parce qu’elle ne sortait jamais, ne voyant aucune société et ne s’occupant uniquement que de ses affaires domestiques ; que si, lorsqu’il serait en tournée, il voulait bien lui faire l’honneur de la visiter, elle le recevrait avec plaisir. Je lui observai qu’étant malade, je ne pouvais pas rester longtemps avec lui, que je le priais en conséquence de terminer le plus tôt possible nos affaires, afin de pouvoir m’en retourner. Je lui communiquai la lettre du général Leclerc. Après en avoir pris lecture, il me dit qu’il n’avait encore reçu aucun ordre de se concerter avec moi sur l’objet de cette lettre ; il me fit ensuite des excuses sur ce qu’il était obligé de sortir un instant ; il sortit en effet, après avoir appelé un officier pour me tenir compagnie. À peine était-il sorti, qu’un aide de camp du général Leclerc entra accompagné d’un très-grand

  1. Le 7 juin, jour de la date de la lettre de Brunet. Les deux officiers qui accompagnaient T. Louverture, étaient Placide et César.