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Si vous voyez le général en chef (Leclerc), dites bien que les cultivateurs ne veulent plus m’obéir. On voudrait faire travailler à Héricourt, dont le gérant ne doit pas le faire.

Je vous demande si on peut gagner quelqu’un près du général en chef, afin de rendre D… libre : il me serait bien utile, par son crédit, à la Nouvelle et ailleurs.

Faites dire à Gingembre qu’il ne doit pas quitter le Borgne, où il ne faut pas que les cultivateurs travaillent.

Écrivez-moi à l’habitation Najac.

Toussaint Louverture.


Cette seconde lettre est la seule que Leclerc ait fait publier, à la suite d’une proclamation qu’il rendit le 11 juin, et que nous citerons bientôt. Il y parle de la première, et l’on ne conçoit pas qu’il ait soustrait ce document à la connaissance des habitans auxquels il s’adressait : il semble cependant qu’elle aurait dû être publiée aussi, si elle existait réellement.

C’est à raison de ces lettres et des déclarations faites à Leclerc par les généraux Christophe, Clervaux, Maurepas et Dessalines, dit P. de Lacroix, que le capitaine-général médita l’arrestation de T. Louverture et l’ordonna à Brunet. Il fait une analyse de la lettre de ce dernier, bien opposée à ce qu’elle fut réellement. Il ajoute, qu’en la recevant, T. Louverture sentit se réveiller son amour-propre, et qu’il s’écria : « Voyez ces blancs, ils ne doutent de rien, ils savent tout, et pourtant ils sont obligés de venir consulter le vieux Toussaint. »

Mais, ce que nous avons rapporté ci-dessus du mémoire de ce dernier et de ceux de son fils, détruit ces paroles.

    aux navires américains dans quel lie il faudrait débarquer de la farine et des armes, alors que tout le pays était soumis aux Français. La mention de cette île n’est-elle pas un indice que cette lettre a été fabriquée pour motiver son arrestation ?