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près d’Ennery, s’y livrait réellement à des travaux conformes à sa nouvelle position : il y faisait construire une maison pour le logement de sa famille qui, jusque-là, était restée sur l’habitation Vincendière. En apprenant l’arrivée à Ennery de la 31e demi-brigade, il y vint et trouva que les soldats de ce corps avaient commis des dégâts, des violences sur ses autres habitations situées tout près du bourg. C’était une chose commandée par l’autorité française, pour le porter à des actes qui pussent donner l’occasion de se saisir de sa personne. Il se borna à se plaindre de ces vexations au chef de bataillon Pesquidon, et à en informer Leclerc par une lettre qu’il lui adressa : il observait au capitaine-général que cette garnison de 500 hommes était beaucoup trop considérable pour la localité. Après cela, il remonta à Descahaux.

Le lendemain, Pesquidon s’y rendit comme pour lui faire visite ; mais T. Louverture était trop perspicace pour ne pas découvrir son but, qui était de voir les lieux. En ce moment, il apprit que des soldats de la 31e s’étaient rendus avec des bêtes de charge sur l’une de ses autres habitations, et qu’ils enlevaient des cafés et autres denrées. Il renouvela ses plaintes à Pesquidon qui lui promit de réprimer ces brigandages ; cet officier se retira ensuite.

Le soupçon qu’il avait conçu de la visite inquisitoriale de Pesquidon le porta à quitter Descahaux pour venir se fixer à Beaumont où ces vols de cafés avaient eu lieu. Sa famille resta à Descahaux. À Beaumont, il s’occupa de travaux de culture. Chaque jour, il éprouvait de nouvelles vexations dans sa propriété : les soldats français s’y rendaient en foule. Il se décida à adresser une nouvelle lettre à Leclerc, qui n’avait pas répondu à la première, et il l’envoya par Placide. Le général Dugua lui fit dire qu’il