Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sud de Saint-Domingue par cette mesure, surtout en le faisant remplacer au Port-au-Prince par Rochambeau. La population indigène était aussi prévenue contre Rochambeau, qu’elle était bien disposée en faveur de Boudet. Les colons de cette ville l’entourèrent pour le pousser aux vexations contre les mulâtres et les noirs.

Aveugles qu’ils étaient ! ils ne s’apercevaient pas des progrès que la fièvre jaune faisait déjà, au mois de mai, sur les troupes européennes !

Au Port-au-Prince, c’étaient, parmi eux (selon B. Tonnerre), les nommés Desrivières, Guieu, Bion, Ango, Baudamant, Saint-Cyr, Cotelle, le curé Lecun, qui excitaient les féroces instincts de Rochambeau. Mais il s’était empressé, dès son arrivée en cette ville, de déporter en France Bernard Borgella, Collet, Viart et Gaston Nogérée, pour avoir été membres de l’assemblée centrale de 1801.

Aux Cayes, c’étaient Mangin, Labiche, Lothon, Desongards, qui avaient la haute main dans les mesures acerbes dirigées contre les indigènes.

Au Cap, Dumas, Belin de Villeneuve, Domergue, Camfrancq et O’Gorman formaient le conseil privé du capitaine-général.

Tous ces colons avaient joué un rôle infâme depuis le commencement de la révolution. En correspondance entre eux, d’un bout à l’autre de la partie française, et avec ceux qui agissaient à Paris auprès du gouvernement, ils se prévalaient de la loi qu’ils savaient devoir être rendue sur les colonies, et qui, en effet, venait de passer au tribunat et au corps législatif. Avec les anciennes habitudes contractées par eux, d’être obéis sans la moindre résistance, il était impossible qu’ils ne crussent pas au plein succès de l’expédition pour remettre leurs nègres