Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moyen de les rendre plus avantageux à l’État, et, en même temps, moins à charge à l’agriculture et au commerce.

Comme il est de votre intérêt, citoyens, que toutes les institutions protègent également l’agriculture et le commerce, je n’ai entrepris cette tâche importante qu’après avoir consulté les hommes les plus distingués et les plus instruits de la colonie.

J’ai, en conséquence, donné ordre aux généraux des divisions du Sud et de l’Ouest, de choisir, pour chacun de ces départemens, sept citoyens, propriétaires et négocians (sans égard à leur couleur), qui, avec huit autres que je choisirai moi-même, pour le département du Nord, devront s’assembler au Cap, dans le courant de ce mois, et me communiquer leurs observations sur les plans, que je soumettrai à leur examen.

Ce n’est pas une assemblée délibérante que j’établis. Je sais trop bien quels maux les réunions de cette nature ont attirés sur la colonie. On fera choix de citoyens probes et éclairés ; je leur ferai connaître mes desseins ; ils me communiqueront leurs observations, et pourront inspirer à leurs compatriotes les sentimens libéraux dont le gouvernement est animé.

Que ceux que l’on convoquera de la sorte, considèrent leur nomination comme une marque flatteuse de l’estime que j’ai pour eux. Qu’ils songent que, sans leurs conseils et leurs avis, je pourrais adopter des mesures désastreuses pour la colonie, dont ils souffriraient eux-mêmes tôt ou tard. S’ils font ces réflexions, ils se décideront volontiers à quitter, pour quelque temps, leurs occupations.

Donné au quartier-général du Cap, le 5 floréal an X (25 avril).

Le général en chef, Leclerc.

Le lecteur remarquera que ce n’est pas le capitaine-général qui s’adressait aux habitans, mais le général en chef. La première qualité faisait de Leclerc un gouverneur, un administrateur ; la seconde, le chef de l’armée. Ainsi, c’est l’autorité militaire qui concédait la faculté de lui donner des avis, des conseils ; l’expérience acquise des prétentions des colons la mettait en garde, et elle les avertissait qu’ils ne seraient que consultés, qu’ils ne délibéreraient point ; c’est-à-dire, qu’ils ne décideraient