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d’honneur, que s’ils ne parvenaient pas à s’entendre a définitivement, il aurait la liberté d’aller se mettre de nouveau à la tête de ses troupes ; il terminait sa lettre en lui disant, que le refus qu’il lui avait fait de lui livrer Toussaint Louverture, ajoutait encore à la haute idée qu’il s’était formée de son caractère[1]. »

Avant de souscrire à l’entrevue proposée par Leclerc, Christophe envoya à T. Louverture copie de sa propre lettre et de celle du général français, en lui demandant l’autorisation de se rendre au Haut-du-Cap. L’ex-gouverneur la lui accorda ; il y fut le 26 avril. Dans cette entrevue, il fit sa soumission, et Leclerc rendit un arrêté qui rapporta sa mise hors la loi. Christophe obtint alors de Leclerc qu’il écrivît à T. Louverture. Sa lettre disait à ce dernier « que ce serait pour lui une belle journée, s’il pouvait l’engager à se concerter avec lui et à se soumettre aux ordres de la République. » Christophe l’apporta au quartier-général où T. Louverture le blâma de s’être soumis sans ordre de sa part[2] ; et il le renvoya à son poste.

Il fit réponse à la lettre de Leclerc, en lui témoignant le mécontentement qu’il éprouvait de la soumission de Christophe, et lui disant en outre : « qu’il avait toujours été soumis (lui-même) au gouvernement français, puisqu’il avait constamment porté les armes pour lui ; que si, dès le principe, on s’était comporté avec lui comme on devait le faire, il n’y eût pas eu un seul coup de fusil de tiré ; que la paix n’eût pas même été troublée dans

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 245.
  2. Mémoire au Premier Consul. Mais en autorisant Christophe à avoir deux entrevues avec les généraux français, c’était préparer sa soumission ; c’était presque l’y inviter, peut-être pour se ménager de dire qu’il avait été forcé lui-même de se soumettre. T. Louverture était adroit et plein de tact.