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Petite-Anse le 16 avril, qui lui fut adressée par son ami Vilton, homme de couleur, qui y commandait. Vilton avait fait sa soumission dès les premiers momens de l’arrivée de l’expédition, et avait été conservé dans sa place. Il rappelait à Christophe les anciens sentimens qu’il lui avait toujours manifestés en faveur de la France, et lui donnait l’assurance d’être bien traité par Leclerc, ainsi que ses officiers et ses soldats ; il lui disait que le capitaine-général avait déclaré qu’il ne l’aurait pas mis hors la loi, s’il avait pu l’apprécier, mais que cet acte serait annulé dès qu’il voudrait se soumettre. « Voilà, mon cher compère, ce que ma tendre amitié pour vous et votre famille m’engage à vous écrire. Je jouirai de votre bonheur, si je puis contribuer à le faire. Il ne dépend que de vous de me donner cette satisfaction, en suivant les avis de votre ancien ami. Répondez-moi, et faites-moi savoir vos intentions, pour les faire réussir de la manière qui vous paraîtra le plus convenable. »

Ce passage suffit pour prouver que les ouvertures de propositions, pour la soumission de Christophe, furent faites du camp français, et non par lui, comme l’avancent P. de Lacroix et M. Madiou ; et il n’est nullement à présumer que Vilton fut contraint de signer cette lettre, comme le dit ce dernier auteur. Étant soumis lui-même aux Français, rien n’était plus naturel qu’il désirât la soumission de son ami.

Trois jours après, le 19 avril, ne voyant arriver aucune réponse de sa part, Leclerc sentit la nécessité d’inspirer de la confiance à Christophe ; il lui adressa la courte lettre qui suit :

« Le général en chef au général Christophe.

Vous pouvez ajouter foi, citoyen général, à tout ce