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avec la réplique de Boudet, qui lui disait que Leclerc était prêt à entrer en arrangement avec lui, et qu’il pouvait compter sur les bonnes intentions du gouvernement français à son égard.

Dans l’intervalle, rendu au Cap, Leclerc employait d’autres intermédiaires pour entraîner Christophe à la défection, et annihiler les ressources de T. Louverture. Christophe occupait le Grand-Boucan, et couvrait le quartier-général de la Marmelade de ce côté-là.

À Saint-Michel était le général Vernet qui, placé d’abord à Ennery, avait cédé ce poste au général Charles Bélair, que l’ex-gouverneur y fit venir des Cahos, en envoyant à sa place le colonel Montauban, La mésintelligence avait éclaté entre Charles Bélair et Dessalines, qui occupait la position de Marchand, située au pied de la chaîne des Cahos ; ou plutôt, la jalousie que Dessalines nourrissait depuis assez longtemps contre ce jeune général, l’ayant porté à le dénoncer à T. Louverture, comme entretenant des intelligences avec les Français, en menaçant même de se porter dans son camp et de le faire fusiller, l’ex-gouverneur avait dû le rapprocher de son quartier-général. Charles Bélair avait de l’instruction et des manières polies : jeune officier favori de T. Louverture, il avait toute la fatuité de son âge et d’une telle faveur ; depuis la fin de Moïse, on pensait que T. Louverture le destinait au gouvernement, après sa mort[1]. C’étaient là les causes de la jalousie de Dessalines contre lui : on verra comment il le fit mourir.

Dans les montagnes du Dondon se tenait Petit-Noël ;

  1. On a dit qu’il était neveu de T. Louverture ; mais les Mémoires d’Isaac ne le disent pas ; il en parle seulement comme d’un jeune militaire dévoué à son père, dont il avait été l’aide de camp.