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Voilée subit son malheureux sort ! Ce fut le dernier crime politique de T. Louverture, mais, sans contredit, le plus odieux, le plus infâme.


Leclerc s’était empressé de retourner au Cap, pour être plus à portée de suivre les négociations de la soumission de l’ex-gouverneur. On était dans les premiers jours d’avril.

À la Marmelade, T. Louverture reçut la réponse du général Boudet, qui la lui fît parvenir par son neveu Chancy, jeune homme de couleur, qui avait été arrêté dans les montagnes du Petit-Goave, lorsqu’il portait au colonel Dommage la lettre écrite de Saint-Marc par son oncle. Depuis lors, Chancy était resté prisonnier au Port-au-Prince. Le retour de Sabès et de Gémont permettait de le renvoyer auprès de l’ex-gouverneur, et, sans doute aussi, dans l’espoir de le décider à se soumettre[1]. Ce procédé du général Boudet lui occasionna de la satisfaction.

« Sur le rapport de mon neveu, et après la lecture de la lettre du général Boudet, je crus reconnaître en lui un caractère d’honnêteté et de franchise, digne d’un officier français fait pour commander. Je m’adressai, en conséquence, à lui avec confiance pour le prier d’engager le général Leclerc à entrer avec moi dans des moyens de conciliation[2]. »

Chancy fut renvoyé auprès de lui, porteur d’une seconde lettre de T. Louverture. Il fut retenu de nouveau au Port-au-Prince, probablement comme un otage de la soumission de son oncle. Une ordonnance fut expédiée

    qu’il n’ait pas eu lieu de cette manière, la mort de Voilée, toujours l’ami de T. Louverture, n’en est pas moins un crime affreux de sa part.

  1. Dans ses Mémoires, Isaac dit que son père réclama Chancy, de Boudet, en lui renvoyant les deux officiers.
  2. Mémoire au Premier Consul.