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un cheval nommé Bel-Argent, dont je faisais le plus grand cas, » T. Louverture se mit à la poursuite de cette division, qui se rendait au Cap, et qu’il atteignit au Dondon. « L’affaire s’engagea et dura, avec le plus grand acharnement, depuis 11 heures du matin jusqu’à 6 heures du soir[1]. » Après ce combat, il se retira à la Marmelade.

On voit, dans ces faits, qu’il a fallu les excès commis par Hardy sur ses propriétés, pour décider T. Louverture à rompre les avances de négociations qu’il venait de faire au général Boudet.

C’est alors aussi que, soit pour en tirer vengeance, soit pour ôter aux Français tous moyens de connaître à fond les particularités de son administration financière et celles de sa vie politique, au moment où il allait se soumettre, soit, enfin, qu’il fût guidé par cet instinct sanguinaire qui souilla trop souvent son pouvoir, il fit fusiller l’administrateur Voilée, à qui il avait paru jusque-là toujours si attaché, avec des circonstances qui doivent le ranger parmi les plus affreux tyrans. Il déclara à cet infortuné, qui l’avait servi avec fidélité, qui avait mis de l’ordre dans ses finances, qu’il était urgent qu’il mourût ; et comme Voilée se récriait avec douleur contre cette horrible sentence de mort, non méritée, puisque, loin de chercher à s’évader pour aller joindre ses compatriotes, il était resté auprès de lui, T. Louverture eut l’air de s’apitoyer sur cette cruelle nécessité, en promettant à sa victime innocente de lui faire rendre tous les honneurs militaires et funèbres compatibles dans la circonstance.[2]

  1. Mémoire au Premier Consul.
  2. J’ai entendu raconter cet assassinat ainsi que je le relate, En supposant