Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui, Dix autres officiers furent embarqués au Cap, sur le vaisseau le Jean-Bart, qui partit en même temps que le Rhinocéros : c’étaient F. Chevalier, M. Bienvenu, Birot, Geoffroi, Papilleau, E. Saubate, Brunache, J. B. Belley, Blanchet jeune, et Borno Déléard.

Si la lettre de Rigaud à Laplume était réellement la seule cause de sa déportation, cette faute, si c’en fut une, lui était personnelle : sa femme et ses enfans devaient seuls l’accompagner. Mais à quoi attribuer la déportation de ces officiers, sinon aux instructions secrètes du Premier Consul ?

Les effets de Rigaud, chargés sur une chaloupe, furent pillés par les matelots : ils chavirèrent ensuite cette barque pour avoir le prétexte de dire que ces effets s’étaient perdus dans la mer. Ainsi les effets de T. Louverture furent aussi pillés, après son arrestation. Quand l’autorité supérieure agissait avec déloyauté, il n’est pas étonnant que les agens secondaires se crussent autorisés à agir sans honte.

Des femmes indigènes du Cap, apprenant le dénuement de Rigaud et de sa famille, et celui des officiers embarqués là, s’empressèrent de leur porter de faibles secours en argent et en linge. Et ce n’est pas le seul trait de bonté que nous ayons à constater de leur part : bientôt, nous aurons à dire quelle sollicitude ces nobles cœurs montrèrent pour les Français atteints de la fièvre jaune.


Les deux navires de guerre arrivèrent à Brest le 2 prairial (22 mai). Rigaud s’empressa d’adresser une lettre au ministre de la marine, le jour même de son arrivée, pour lui exposer sa situation et celle des officiers venus avec lui. Il insista davantage sur celle de ses compagnons