Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

évacua à son approche et se retira aux Gonaïves. D’Ennery il fut s’emparer sans combat, de Saint-Michel, de Saint-Raphaël, du Dondon et de la Marmelade. Là, il reçut une lettre de Dessalines qui l’avisait de la marche de Hardy et de Rochambeau sur les Cahos, de l’enlèvement du trésor par ce dernier, de la première attaque de la Crête-a-Pierrot par Debelle, et de la seconde par Boudet et Dugua. Cet avis le fît aller à Plaisance où il enleva le poste Bidouret qui domine ce bourg. Il se disposait à continuer ses opérations contre Desfourneaux, lorsqu’il eut connaissance, par le commandant de la Marmelade, qu’une colonne française arrivait sur ce bourg ; il s’y porta en vain, et alla jusqu’à Hinche, où il espérait l’atteindre pour le combattre. C’était s’éloigner beaucoup du champ de bataille des bords de l’Artibonite ; mais il quitta Hinche presque aussitôt pour se rendre dans la plaine des Gonaïves et de-là se porter au Gros-Morne, ignorant encore la soumission de Maurepas. Dans cette plaine, il reçut une nouvelle lettre de Dessalines qui l’informait du siège de la Crête-à-Pierrot. C’est alors qu’il vint sur les derrières de la division Pamphile de Lacroix, au moment même que s’effectuait l’évacuation du fort[1].

Le fort étant en possession des Français qui avaient toutes leurs troupes réunies dans l’Artibonite, T. Louverture ne pouvait pas se tenir dans cette plaine avec si peu de forces. Il monta aux Cahos, et établit son quartier général sur l’habitation Chassériaux, au Grand-Fond Magnan, à peu de distance de celle de Vincendière ou Vincen-

  1. Nous relatons tous ces faits d’après le Mémoire de T. Louverture : il est présumable qu’il a dû mieux narrer ce qu’il fit que son fils Isaac, qui se trouvait auprès de sa mère, et qui a raconté les choses autrement dans ses Mémoires, écrits longtemps après.