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« La retraite qu’osa concevoir et exécuter le commandant de la Crête-à-Pierrot, dit P. de Lacroix, est un fait d’armes remarquable. Nous entourions son poste au nombre de plus de 12 mille hommes ; il se sauva, ne perdit pas la moitié de sa garnison, et ne nous laissa que ses morts et ses blessés. Cet homme était un quarteron à qui la nature avait donné une âme de la plus forte trempe ; c’était le chef de brigade Lamartinière. »

Cet auteur s’est trompé en n’attribuant cette retraite qu’à Lamartinière, en le considérant comme le commandant de cette héroïque garnison. Magny était ce chef, en sa qualité de chef de brigade plus ancien que son brave compagnon : tout aussi résolu que Lamartinière, Magny fut secondé par lui ; ils firent ce prodigieux fait d’armes qui ne les honora pas moins que la belle défense qu’ils avaient faite du fort contre toutes les troupes françaises. Cette évacuation, au milieu de tant d’ennemis, est digne de figurer à côté de celle de Jacmel par Pétion, en 1800.

De tels faits immortalisent les noms de ces héros ; ils donnent le droit aux Haïtiens de s’enorgueillir de leurs devanciers, en dépit de tous les préjugés subsistant encore.

Et pourtant, Pétion., Magny, Lamartinière, étaient tous trois de cette classe d’hommes, que le gouvernement français fît traquer par ses agens, dès 1796, pour leur enlever une position acquise par leur valeur, par des services rendus à la France !… Quel parti n’aurait-il pas pu tirer de cette classe intelligente et courageuse, pour la conservation de sa colonie ? Mais que venait-il faire encore en 1802 ?…


Nous avons dit que T. Louverture était parti pour le