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nous avons tirée, dans notre troisième livre, des intrigues coupables de Laveaux et de Perroud, de la mission de Sonthonax et de celle d’Hédouville. Ils ont été les agens de la discorde semée entre les anciens et les nouveaux libres de la colonie ; et nous avons dit dans quel esprit, dans quel but[1].

Après le départ forcé d’Hédouville, il s’est trouvé un autre agent de la métropole, préparé à l’avance par le Directoire exécutif, muni de ses instructions. Nous allons voir ses procédés, et nous pourrons juger si ses instructions, doublement cachetées, ne lui prescrivaient pas, comme à ses prédécesseurs, de parvenir aux mêmes fins.


Nous avons promis d’examiner la conduite politique et militaire de Rigaud, en parlant de l’autorisation qui lui fut donnée par Hédouville, de garder le commandement du département du Sud, de désobéir à T. Louverture, général en chef de l’armée. Nous remplirons notre promesse. Mais auparavant, il convient de relater les actes qui eurent lieu entre ces deux rivaux, immédiatement après le départ d’Hédouville, et quelques-uns du nouvel agent.

T. Louverture avait supprimé la proclamation d’Hédouville qui le dénonçait à la colonie comme pactisant avec les émigrés, les Anglais et les Américains, pour prononcer son indépendance. Il n’ignorait pas que cet agent avait écrit à Rigaud pour le dégager de toute obéissance envers lui ; et, dans l’espoir de trouver dans la correspondance de ce dernier, la preuve d’une coalition contre lui-même

  1. En parlant de la lettre d’Hédouville à Rigaud, Thibaudeau dit que « c’était allumer la guerre civile. » — Histoire du Consulat et de l’Empire.