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tructions : débuter ainsi dans une guerre civile où les ennemis étaient des concitoyens, c’était présenter la cause de Rigaud sous un aspect repoussant. Les habitans leurs familles n’étaient point responsables de la mésintelligence des chefs : il fallait les protéger, au contraire, contre la fureur des soldats, et il n’y avait même pas une excuse pour ce colonel ; car les habitans n’avaient pas soutenu la résistance des troupes du fort.

M. Saint-Rémy lui attribue encore une plus mauvaise action, en prétendant qu’il fit tuer tous les colons qui habitaient cette ville. M. Madiou assure qu’il n’en fit mourir aucun. Pamphile de Lacroix avance que « plusieurs personnes de tout rang et de toute couleur furent impitoyablement sacrifiées dans la surprise de Léogane par Rigaud, » lorsque cette ville n’a jamais été prise par ses troupes.

Roume lui-même, dans une proclamation du 3 juillet, dont nous parlerons bientôt plus amplement, dit de Rigaud : « qu’il a eu l’audace d’envoyer des subalternes s’emparer des places du Petit-Goave et du Grand-Goave, où beaucoup de fidèles républicains ont, dit-on, péri par le fer assassin des rebelles. »

Cette expression dubitative dans un tel acte de l’agent, nous porte à n’admettre que la version de M. Madiou qui parle seulement du pillage de la ville.


Quoi qu’il en fut, en apprenant la prise du Petit-Goave par ses lieutenans, Rigaud s’y rendit avec les troupes sous les ordres de Geffrard. De là, il donna l’ordre à l’adjudant-général Toureaux de se porter au Grand-Goave. Pendant la guerre contre les Anglais, il avait fait construire un blockhaus sur un monticule de l’habitation