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devoir, après, il est vrai, avoir reçu les ordres de l’agent. Mais l’agent (Roume) n’était plus aux yeux de tout le monde, que comme une de ces idoles dont on ne consultait les oracles qu’après lui avoir dicté celui qu’elle devait rendre. Ce manifeste fut suivi, du côté de Toussaint, d’un rassemblement de troupes au Port-Républicain, de proclamations, d’adresses et de nouvelles rigueurs ; du côté de Rigaud, de l’invasion du Petit-Goave… »

La vérité perce enfin ! Nous venons de louer T. Louverture et Roume, à propos de la convention passée avec les États-Unis ; nous venons de voir que Rigaud la considéra aussi profitable au Sud qu’au Nord de la colonie ; et nous avons transcrit la partie de la lettre de Roume à ce sujet. Suivant Kerverseau, ce n’était donc qu’un leurre dont cet agent berçait l’espoir du général du Sud ! Si l’arrivée de Maitland au Cap y occasionna de la fermentation, c’est pour ce motif que les conférences furent transférées aux Gonaïves ; si Roume ne s’y transporta pas aussi, et que les alliés y décidèrent les hostilités contre Rigaud, est-ce que cet agent n’y prêta pas la main, en donnant ses ordres au général en chef ? Vainement Kerverseau essaie-t-il de détourner la responsabilité de la guerre qui s’alluma, de la tête de l’agent du Directoire exécutif, en le représentant comme forcé de céder aux exigences de T. Louverture ; vainement prétend-il que ce furent Maitland et Stevens, le premier surtout, qui voulurent cette guerre civile : c’est le gouvernement français qui la conçut comme utile à ses desseins, qui chargea ses agens de la fomenter, de l’exciter. T. Louverture rassuré, dit Kerverseau, sur les suites de l’embarquement d’Hédouville…

Voici ce qui le prouve : ce sont trois lettres du ministre de la marine, adressées au général en chef.