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sucre à 2 gourdes et demie le quintal ; les fermiers ne pouvaient plus remplir leurs engagemens ; les cultivateurs, découragés, renonçaient aux cultures des denrées : tout enfin menaçait le plus triste avenir, lorsque la colonie s’est encore vue sauvée par la sagesse du général en chef… c’est à lui que nous devons l’envoi du citoyen Stevens au Cap… Je suis donc persuadé que dans les départemens de l’Ouest et du Sud, l’on ne sentira pas moins que dans celui-ci, combien de remercîmens sont dus au général en chef dans cette occasion. »

Et dans ses lettres des 1er et 18 mai, Rigaud, après lui avoir exposé une situation presque semblable pour le département du Sud, lui dit :

« Depuis huit mois, privé de tous les objets indispensables, je n’ai pu voir qu’avec la plus grande satisfaction, votre arrêté du 6 floréal, relativement au commerce des Américains avec Saint-Domingue. Mon cœur est soulagé de l’espoir flatteur de voir bientôt cette partie, ainsi que le reste de l’île, florissante. Je rends hommage aux vertus et à la prévoyance du général en chef, et j’admire en vous le père et le consolateur des républicains. »

Ainsi, la convention prise avec l’agent des États-Unis semblait faite pour toute la colonie, pour assurer ses bienfaits au département du Sud comme au Nord ; et l’on voit que Rigaud, encore au 18 mai, était loin d’être jaloux de ce que faisait T. Louverture, dans l’intérêt général de tous les habitans ; et cela, plusieurs mois après qu’Hédouville l’eût dénoncé pour son alliance avec les États-Unis.

Dans une autre lettre du 19 mai, Rigaud revient sur l’effet salutaire que produira l’arrêté du 6 floréal, par rapport aux cultures, aux cultivateurs et aux troupes. Il exprime à Roume son vif désir de le voir enfin organiser