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Ils devront prévenir les capitaines étrangers qu’ils seront contraints de rapporter leurs marchandises sèches, si elles excèdent dorénavant le tiers de leur cargaison.

Cette ordonnance avait plusieurs buts : — d’exciter la production des denrées du pays, — d’exciter l’importation des comestibles dont on avait besoin, — de concentrer le numéraire dans les caisses publiques, pour l’entretien des troupes qu’on prévoyait de mettre bientôt en campagne. C’était le monopole à exercer sur une large échelle, au profit du gouvernement qui tiendrait ainsi tous les habitans, tous les citoyens dans ses mains. Si le commerce étranger préférait le numéraire aux produits, c’est une preuve que les produits ne lui laissaient pas de chances de gain ou qu’il en trouvait peu à exporter. La première disposition de cette ordonnance servit de base à un système presque semblable, sous le règne de Dessalines.


Un autre objet paraît avoir été le motif secret de cet acte : c’était de porter le gouvernement des États-Unis à venir à un arrangement avec T. Louverture.

En effet, avant l’arrivée de Roume au Port-au-Prince, il envoya aux États-Unis un nommé Bunel, « ci-devant procureur, puis marchand, homme très-mal famé, dit Kerverseau, mais qui avait épousé une femme noire très-puissante à la cour du Cap ; et un autre nommé Mayer, faisant dans la même ville fonction de consul des États-Unis. » Ils revinrent au Cap quand Roume y était déjà rendu, en mars ou avril, sur une frégate qui amena aussi Edouard Stevens, nommé consul général à Saint-Domingue : ce dernier avait rempli les fonctions de consul à Santo-Domingo.